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  • Photo du rédacteurOlivier Balazuc

J+29+30+31



Ce qui manque c’est une parole de poète

Une parole qui s’élève au-dessus du néant de la parole

Une parole de plein chant une parole tragique

Une parole qui ne soit ni commentaire ni dépêche ni prophétie à la petite semaine ni admonestation prophylactique ni litanie de chiffres ni bilan prématuré prémonitoire ni aveu d’impuissance ni contrition opportuniste ni expédient hygiéniste ni morale par provision ni expertise comptable ni sagesse a posteriori ni cantilène de la fin des temps ni apologétique des temps futurs

Une parole non exutoire exécutoire échappatoire

De tous les récupérateurs incinérateurs de tous les endimanchés de la catastrophe de tous les escatologues emboursicotés de tous les sermonneurs assermentés de tous les onanistes àquoibonistes de tous les apôtres du déni de tous les adorateurs du pire

Des enchanteurs autoproclamés des désanchanteurs à la réclame des recycleurs de formules de ceux qui prétendent avoir changé mais ne changeront jamais des loups devenus agneaux des loups devenus bergers des spécialistes sans spécialité des pythies sans pitié des oracles ras du col des devins ras des dents des spéculateurs thanatiques des acculateurs fanatiques des comptenteurs accrédités des horodateurs décrédités des profanateurs de joie des diseurs de mauvaise aventure et des enjoués de pacotille

Une parole qui démasque les masqués de toujours

Une parole qui chausse le masque de Thespis le masque antique à l’heure du masque antiseptique

Une parole aussi profonde que la peau même quand celle-ci porte des gants

Une parole qui ne prenne pas de gants

Une parole qui rende au corps son pouvoir de parole

Une parole qui rende à la parole sa faculté de s’incarner

Une lucidité tranchante émancipée des tranchoirs du sens des laminoirs du fatalisme

Une parole de la contagion de la parole

De la contagion des désirs

Une parole qui exalte les états de conscience pour que la conscience ne se repaisse pas d’états d’âme

Une parole qui fasse le deuil des morts

Grave un chiffre sacré sur le trou noir des chiffres statistiques

Une parole subversive qui taise la polémique

Une parole vivante qui défie la quarantaine de la parole

Une parole sans diagnostic

Une parole sans peur

Une parole qui fertilise quand tout semble asséché

Une parole qui fédère sans bannière sans drapeau sans oriflamme

Qui ne revendique aucune appartenance autre que d’être mortelle

Sa condition de parole

Une parole sans conditions

Une parole qui dise ce qui est

Qu’il n’est ni grand soir ni lendemains qui chantent

Que l’espoir n’est pas plus pour demain qu’il ne fut pour la veille

Que l’espoir est du jour

Toujours naissant toujours connaissant toujours reconnaissant

L’espoir ne se décline qu’au présent

L’espoir est la révolution de l’instant

Ni excuse ni subterfuge

Il se méfie des promesses des moratoires des carottes et des bâtons de l’infantilisation

L’espoir espère en la parole

L’espoir est parole

Il affirme maintenant

Le simple fait de vivre

Ce qui manque c’est une parole de poète

Une parole qui s’élève au-dessus du néant de la parole

Une parole de plein chant une parole tragique

Ce qui manque c’est une parole de joie

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